A la date de publication de cet article, le 23 avril 2023, l’association R.E.A.C.T. compte 843 familles adhérentes depuis sa création en Décembre 2018. Nos familles membres sont réparties dans toute la France, dans les DROM-COM, et dans plusieurs pays étrangers (Allemagne, Belgique, Canada, Luxembourg, Pays-Bas, Roumanie, Royaume-Uni et Suisse).

Cet article est le troisième d’une série d’articles visant à sensibiliser le grand public sur notre problématique, notre association et nos actions.

Impact de la guidance parentale en Résistance Non Violente sur le quotidien des parents confrontés au comportement tyrannique de leur enfant/adolescent

Préambule

Comme mentionnée dans le premier article de cette série, on parle d’enfant au comportement tyrannique lorsque la hiérarchie familiale est inversée : l’enfant prend le pouvoir dans le foyer familial et les parents sont entravés dans leur prise de décision et dans leur liberté d’action1,2. L’agressivité de l’enfant est caractérisée par des explosions de colère, un besoin de contrôle, un comportement batailleur, des menaces et de la violence.

Face au comportement inadapté de l’enfant, les réprimandes, les menaces ou les punitions ne font qu’aggraver la situation (processus d’escalade réciproque où l’hostilité multiplie l’hostilité). D’autre part, la réaction de dialogue, de compréhension ou d’acceptation des attentes de l’enfant, conduit à des demandes encore plus exigeantes et de plus en plus excessives (processus d’escalade complémentaire : la soumission parentale accroît les exigences de l’enfant).

Lorsque les parents confrontés à cette situation arrivent dans l’association, ils témoignent pour la plupart d’un long parcours où ils ont tout essayé (l’éducation bienveillante, la discipline, la voie douce, la voie dure, des nombreux suivis et psychothérapies…), et tout cela sans succès. Néanmoins, malgré les échecs à répétition, ces parents ne peuvent pas démissionner.

Le TDA/H (trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et le TOP (trouble d’opposition avec provocation) sont fréquemment retrouvés chez l’enfant/adolescent au comportement tyrannique1. De ce fait, la méthode Barkley est généralement préconisée pour ces enfants et elle fait typiquement partie des approches ayant été essayées par nos parents membres quand l’enfant a reçu ces diagnostics. Toutefois, cette méthode vise à récompenser les comportements adaptés de l’enfant et elle est, à ce titre, focalisée sur le comportement de l’enfant. Or, l’enfant au comportement tyrannique n’est pas motivé pour modifier son comportement car il ne souhaite pas sortir de sa place de « chef ». En effet, en raison de son anxiété, il essaie de prendre le contrôle sur les récompenses et de garder la maîtrise sur son parent, ce qui peut aggraver les conflits. C’est pourquoi la méthode Barkley n’est pas réellement adaptée à la situation de ces enfants, avec qui, elle s’avère généralement insuffisante (voire contreproductive).

La guidance en résistance non-violente (RNV) est, au contraire, recommandée en première intention dans nos situations car elle est focalisée sur le comportement du parent et ne nécessite pas de la participation ou de l’accord de l’enfant.

 

La guidance parentale RNV, c’est quoi ?

 

La guidance parentale en RNV a été originalement développée par Haïm Omer (Professeur de Psychologie à l’Université de Tel-Aviv) pour aider les parents à faire face aux comportements externalisés violents et autodestructeurs de leur enfant3,4.Devant l’impossibilité de faire face à la violence de l’enfant ni par la force ni par la passivité, la RNV a été ainsi adaptée à la famille pour donner aux parents une assise morale et pratique leur permettant d’affirmer leur présence, de résister sans capituler et de s’inscrire dans une nouvelle forme d’autorité3.

Fondée sur la stratégie socio-politique mise en œuvre par Gandhi lors de l’occupation britannique en Inde, la RNV s’applique ainsi en psychothérapie avec l’objectif premier de restaurer et rétablir la présence des parents. L’autorité parentale recherchée par cette méthode n’est pas basée sur une imposition par la force, mais sur la détermination du parent à ne jamais avoir recours à la violence et à être du côté et aux côtés de son enfant3. Basée sur le calme et le silence, la RNV permet de désamorcer la violence en lui faisant perdre sa légitimité. La force de cette doctrine de lutte sociale est également sa capacité à rallier des soutiens.

Dans un second temps, la modification de la dynamique familiale initiée par les parents entraînera la perte du statut de tout-puissant de l’enfant, générant ainsi un inconfort chez l’enfant et donc la motivation pour développer d’autres stratégies et accepter de l’aide pour surmonter ses difficultés.

La guidance parentale se présente sous la forme d’un Programme d’Entraînement aux Habilités Parentales (PEHP) avec de la psychoéducation et des stratégies de guidance éducative basées sur la RNV et sur des Thérapies Comportementales et Cognitives. Le programme se déroule en 13 séances (le format peut varier en fonction du professionnel qui le propose)2. Au cours du programme, sont abordés :

      • La description du comportement tyrannique et des psychopathologies associées
      • La notion d’hyper-accommodation
      • La résistance non violente et les schémas d’escalades
      • La déclaration de non-violence
      • La gestion des crises
      • La mise en place d’un réseau de soutien
      • Le « Sit-In » et les réactions à froid
      • L’importance du « prendre soin de soi » et l’initiation au « Mindfullness »
      • La reprise de l’autorité par la présence parentale

En France, la méthodologie REACT de résistance non violente a été initiée en 2015 par le Dr Nathalie Franc au sein du Service du Pr Diane Purper-Ouakil en MPEA (Médecine Psychologique pour Enfants et Adolescents) au CHU St Eloi de Montpellier. Divers professionnels proposent à présent ce programme à travers le territoire français, à l’hôpital ou en libéral, en individuel ou en groupe.

Pour la préparation de cet article, nous avons sollicité nos parents membres ayant participé à un programme de guidance, pour répondre à un questionnaire visant à évaluer l’impact de ce programme sur le quotidien des familles.

Cet article a été créé bénévolement par le bureau R.E.A.C.T. Il est proposé uniquement à titre informatif et il ne saurait en aucun cas se substituer à des conseils ou consultations de nature professionnelle.

 

Contexte

Suivi de la guidance et application du programme

Le graphique ci-dessous montre à gauche la répartition homme/femme des 111 parents ayant répondu au questionnaire. Les mamans (couleur violet) sont les plus actives à l’heure de répondre au questionnaire proposé, avec seulement 16 papas (couleur bleu) sur les 111 réponses reçues.

La partie centrale du graphique montre que parmi ces parents, 57 (44 mamans et 13 papas) ont suivi la guidance avec l’autre parent et 54 (51 mamans et 3 papas) l’ont fait seul(e)s.

La partie droite du graphique montre que, suite à la formation, 62 parents appliquent le programme avec l’autre parent et 47 parents l’appliquent seul(e)s. Sur les 57 parents ayant suivi la guidance avec l’autre parent (36 mamas et 13 papas), 86% appliquent le programme ensemble et même 29,6% des parents ayant suivi la guidance seul(e)s (13 mamans et 3 papas) appliquent le programme avec l’autre parent. Dans l’ensemble, seulement 2 parents disent ne pas appliquer le programme suite à la guidance.

 

Combien de fois et où avez-vous suivi la guidance ?

82% des parents ayant répondu au questionnaire ont suivi la guidance avec le CHU de Montpellier. 11 parents ont suivi la guidance ailleurs en groupe et 9 parents l’ont fait ailleurs en individuel.

9 parents sur 111 ont suivi la guidance plus d’une fois (3 avec le CHU de Montpellier et ailleurs en individuel, et 6 avec le CHU de Montpellier et ailleurs en groupe).

nombre enfants

En quelle année avez-vous suivi la guidance ?

Les parents ayant répondu au questionnaire ont suivi la guidance entre 2017 et 2022.

Quel âge avait votre enfant au moment où vous avez suivi la guidance ?

L’âge des enfants des parents ayant suivi la guidance, et répondu à notre questionnaire, est réparti entre 6 et 23 ans, avec un pic à l’entrée de l’adolescence, vers 12 ans.

Les outils de la RNV

Suite à la guidance, quels outils avez-vous réussi à mettre en place ?

La méthode REACT propose aux parents différents outils, notamment rédiger et lire à l’enfant une déclaration de non violence, les réactions différées et l’implication d’un réseau de soutien pour aider la famille.

En moyenne, sur les 12 questions proposées, plus de la moitié des parents disent avoir réussi à mettre en place les outils proposés.

Les outils relatifs à la non-violence (faire une déclaration de non-violence, ne pas rentrer dans l’escalade de violence, rester silencieux, se mettre à l’abri…) sont très largement appliqués. Bien que les outils relatifs à la résistance (solliciter le réseau, appeler de l’aide, prendre soin de soi) apparaissent comme étant plus difficiles à positionner, globalement 85% des parents ayant répondu au questionnaire déclarent avoir mis en place les différents outils au moins partiellement.

nombre enfants

Effet de l’âge de l’enfant sur la mise en place des outils

Sur les 12 questions posées au sujet des outils de la RNV, l’âge de l’enfant ne semble avoir un effet statistiquement significatif que sur la gestion des écrans (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des test statistiques réalisés, ainsi que la façon dont ils sont interprétés, sont consultables dans l’annexe 1.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi, avoir réussi partiellement ou ne pas avoir réussi à gérer les écrans par groupe d’âge de l’enfant. 51,1% et 12,8% des parents d’enfants dont l’âge est compris en 6 et 11 ans déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à gérer les écrans contre 28,6% et 50% dans le groupe d’enfants dont l’âge est compris en 16 et 23 ans. La gestion des écrans semble donc être plus facile à mettre en place avec les enfants plus jeunes (test exact de Fisher, p=0,008).

Aucune différence statistiquement significative n’a été détectée sur la mise en place d’autres outils entre les différents groupes d’âge de l’enfant (test exact de Fisher, p<0,05). Par exemple, les graphiques C et D montrent, respectivement et par groupe d’âge de l’enfant, le nombre et le pourcentage de parents ayant réussi, ayant réussi partiellement ou n’ayant pas réussi à solliciter le réseau de soutien pendant ou après les crises. 42,6% et 19,1% des parents d’enfants dont l’âge est compris en 6 et 11 ans déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à solliciter le réseau de soutien contre 42,9% et

21,4% dans le groupe d’enfants dont l’âge est compris en 16 et 23 ans. Ces différences ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,732)

L’âge de l’enfant ne semble donc pas modifier significativement la capacité du parent à mettre en place la plupart des outils proposés par la RNV. 

 

Effet du nombre de parents appliquant le programme sur la mise en place des outils

Sur les 12 questions posées, le fait que le parent applique la méthode seul ou avec l’autre parent ne semble avoir un effet statistiquement significatif que sur la gestion des écrans (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des test statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 1. Les réponses des deux parents déclarant ne pas appliquer la méthode suite à la guidance n’ont pas été considérées dans cette analyse.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi, avoir réussi partiellement ou ne pas avoir réussi à gérer les écrans selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 29,8% et 38,3% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à gérer les écrans contre 41,9% et 14,5% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. La gestion des écrans semble donc facilitée lorsque les deux parents appliquent la méthode ensemble (test exact de Fisher, p=0,02).

Aucune différence statistiquement significative n’a été détectée sur la mise en place d’autres outils selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent (test exact de Fisher, p<0,05). Par exemple, les graphiques C et D montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi, avoir réussi partiellement ou ne pas avoir réussi à appeler de l’aide lors des crises selon que le parent

 

applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 42,6% et 31,9% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à appeler de l’aide contre 50% et 27,4% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. Ces différences ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,749)

Le nombre de parents appliquant la méthode ne semble donc pas modifier significativement la capacité du parent à mettre en place la plupart des outils proposés par la RNV.  

 

Outre l’application de la méthode, avez-vous mis en place des stratégies complémentaires pour votre enfant ?

Etant donné la complexité des situations associées au comportement tyrannique, au-delà de la méthodologie REACT, des outils complémentaires sont nécessaires. Par exemple, l’accès au diagnostic est essentiel pour adapter les soins aux besoins spécifiques de l’enfant. Une prise en charge médicamenteuse peut se révéler nécessaire selon les situations. Enfin, un accompagnement institutionnel et psycho-social de qualité est également primordial pour soutenir les familles.

Dans ce cadre, 67% des parents ayant répondu au questionnaire ont pu obtenir un diagnostic pour leur enfant, 69% ont mis un place un suivi et 55% une médication.

D’autre part, 34% de ces parents ont eu recours à une mesure d’éloignement et 36% ont mis en place un accompagnement éducatif.

Enfin, 15% des parents déclarent avoir saisi la justice dans leur recherche de solution.

nombre enfants

Effet de l’âge de l’enfant sur la mise en place des stratégies complémentaires pour l’enfant

Sur les 6 questions posées au sujet des stratégies complémentaires à la RNV, l’âge de l’enfant semble avoir un effet statistiquement significatif sur l’obtention d’un diagnostic et sur la mise en place d’un éloignement de l’enfant (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble de résultats des test statistiques réalisés sont consultables dans l’annexe 2.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi ou ne pas avoir réussi à obtenir un diagnostic pour leur enfant par groupe d’âge de l’enfant. 80,9% et 19,1% des parents d’enfants dont l’âge est compris en 6 et 11 ans déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à obtenir un diagnostic contre 42,9% et 57,1% dans le groupe d’enfants dont l’âge est compris en 16 et 23 ans. Obtenir un diagnostic semble donc être plus facile à mettre en place avec les enfants plus jeunes (test exact de Fisher, p=0,012).

Les graphiques C et D montrent, respectivement et par groupe d’âge de l’enfant, le nombre et le pourcentage de parents ayant réussi ou n’ayant pas réussi à mettre en place un éloignement pour leur enfant. 23,4% et 76,6% des parents d’enfants dont l’âge est compris en 6 et 11 ans déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à mettre en place un éloignement contre 64,3% et 35,7% dans le groupe d’enfants dont 

l’âge est compris en 16 et 23 ans. La mise en place d’un éloignement semble donc être plus facile à mettre en place avec les enfants plus âgés (test exact de Fisher, p=0,008).

L’âge de l’enfant semble, dans certains cas, influencer la capacité du parent à mettre en place des stratégies complémentaires à la RNV. 

Effet du nombre de parents appliquant le programme sur la mise en place des stratégies complémentaires pour l’enfant

Sur les mêmes 6 questions proposées, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble avoir un effet statistiquement significatif que sur la mise en place d’un suivi pour l’enfant (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des test statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 2. Les réponses des deux parents déclarant ne pas appliquer la méthode suite à la guidance n’ont pas été considérées dans cette analyse.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi ou ne pas avoir réussi à mettre en place un suivi pour l’enfant selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 57,4% et 42,6% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à mettre en place un suivi contre 79% et 21% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. La mise en place d’un suivi semble donc facilitée lorsque les deux parents appliquent la méthode ensemble (test exact de Fisher, p=0,02).

Aucune différence statistiquement significative n’a été détectée sur la mise en place d’autres stratégies selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent (test exact de Fisher, p<0,05). Par exemple, les graphiques C et D montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi et ne pas avoir réussi à obtenir un diagnostic pour l’enfant selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 66% et 34%

des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi et ne pas avoir réussi à obtenir un diagnostic contre 67,7% et 32,3% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. Ces différences ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=1)

Le nombre de parents appliquant la méthode ne semble donc pas modifier significativement la capacité du parent à mettre en place la plupart des stratégies complémentaires à la RNV.   

L’impact de la guidance sur le positionnement des parents

La guidance vous a-t-elle permis de : ?

S’agissant des questions relatives à la psychoéducation (prise de conscience, déculpabilisation, repérage de l’hyper-accommodation, compréhension du processus d’escalade…), l’impact de la guidance est incontestablement bénéfique.

Pour les questions relatives à la modification du comportement du parent (diminuer l’hyper-accommodation, modifier la posture, sortir du secret, prendre de décisions…), les résultats sont également très positifs.

Enfin, même sur les points dont l’impact semble plus faible (trouver du soutien, restaurer l’estime de soi, améliorer le sentiment de compétence parentale…), quasiment 85% des parents déclarent en avoir réussi au moins partiellement.

Globalement, pensez-vous que le fait d’avoir suivi la guidance a eu un impact sur votre positionnement, en tant que parent, vis-à-vis du comportement violent de votre enfant ?

L’objectif premier de la méthode REACT est de modifier le positionnement du parent afin qu’il puisse tout d’abord retrouver sa place à la maison.

91,9% des parents ayant répondu au questionnaire estiment que la guidance en RNV a eu un impact positif dans leur positionnement face à la violence de leur enfant. Aucun parent ne fait état d’un impact négatif.

nombre enfants

Effet de l’âge de l’enfant sur le positionnement global du parent

Comme le montre l’annexe 3, l’âge de l’enfant n’a pas un effet statistiquement significatif sur la capacité globale du parent à se repositionner suite à la guidance (test exact de Fisher, p<0,05).

Les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et par groupe d’âge de l’enfant, le nombre et le pourcentage de parents pour qui la guidance a eu un impact positif, ou pas d’impact, sur leur positionnement global. Aucun parent n’a déclaré un impact négatif. Les différences observées ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,251)

S’agissant des 13 questions proposées aux parents visant à évaluer l’effet de la guidance sur leur positionnement, l’âge de l’enfant ne semble avoir aucun effet statistiquement significatif (test exact de Fisher, p<0,05). Les résultats des test statistiques réalisés sont consultables dans l’annexe 3.

L’âge de l’enfant ne semble donc pas affecter significativement la capacité du parent à se repositionner face au comportement violent de son enfant.

Effet du nombre de parents appliquant le programme sur le positionnement global du parent

Comme montré dans l’annexe 3, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble pas avoir un effet statistiquement significatif sur sa capacité globale à se repositionner suite à la guidance (test exact de Fisher, p<0,05). Les réponses des deux parents déclarant ne pas appliquer la méthode suite à la guidance n’ont pas été considérées dans ces analyses.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent, le nombre et le pourcentage de parents pour qui la guidance a eu un impact positif, ou pas d’impact, sur leur positionnement global. Aucun parent n’a déclaré un impact négatif. Les différences observées ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,495)

S’agissant des 13 questions plus spécifiques visant à évaluer l’effet de la guidance sur le positionnement parental, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble avoir un effet statistiquement significatif que sur la capacité du parent à modifier sa posture devant la violence de son enfant (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des test statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 3.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi, avoir réussi partiellement ou ne pas avoir réussi à modifier leur posture devant la violence de leur enfant selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 10,6% et 8,5% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi partiellement et ne pas avoir réussi à modifier leur posture devant la violence de leur enfant contre 19,4% et 0% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. La modification de la posture parentale semble donc facilitée lorsque les deux parents appliquent la méthode ensemble (test exact de Fisher, p=0,041). Cela dit,  plus de 80% des parents déclarent avoir réussi à modifier leur posture et ce, indépendamment d’appliquer la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 

Aucune différence statistiquement significative n’a été détectée sur les autres questions relatives au positionnement parental selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent (test exact de Fisher, p<0,05). A titre d’exemple, les graphiques C et D montrent respectivement le nombre et le pourcentage de parents ayant déclaré avoir réussi, avoir réussi partiellement ou ne pas avoir réussi à sortir du secret/rompre l’isolement selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent. 19,1% et 10,6% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir réussi partiellement et ne pas avoir réussi à sortir du secret contre 21% et 3,2% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. Ces différences ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,364).

Dans l’ensemble, appliquer la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble pas affecter significativement la capacité du parent à se positionner face au comportement violent de son enfant.

L’impact de la guidance sur le comportement de l’enfant

Au sujet de votre enfant, la guidance vous a-t-elle permis de : ?

Même si l’objectif de la méthode REACT n’est pas de changer en premier lieu le comportement de l’enfant, la démarche de changement du parent déstabilise le système et, dans un second temps, il y aura des conséquences pour l’enfant également.

Le graphique ci-dessous montre que, suite à la guidance, plus de la moitié des parents déclarent avoir observé une diminution de la violence de l’enfant et des escalades conflictuelles et une amélioration du comportement de l’enfant. Bien que les résultats soient plus mitigés concernant les effets directs sur l’enfant (gestion des émotions, degré d’autonomie…), environ 80% des parents observent des effets au moins partiels à cet effet. Enfin, pour environ 50% des parents, la guidance a induit chez l’enfant, au moins partiellement, une motivation pour les soins

Effet de l’âge de l’enfant sur son comportement

Comme le montre l’annexe 4, l’âge de l’enfant n’a pas un effet statistiquement significatif sur les réponses des parents aux 7 questions au sujet du comportement de l’enfant (test exact de Fisher, p<0,05).

A titre d’exemple, les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et par groupe d’âge de l’enfant, le nombre et le pourcentage de parents qui, suite à la guidance, ont observé, ont observé partiellement ou n’ont pas observé une diminution de la violence de leur enfant. Les différences entre groupes d’âge ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,856).

Effet du nombre de parents appliquant le programme sur le comportement de l’enfant

Sur les 7 questions proposées, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent semble avoir un effet statistiquement significatif pour rendre sa situation inconfortable et améliorer son comportement (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des tests statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 4.

Les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent, le nombre et le pourcentage de parents qui, estiment que la guidance a permis, a permis partiellement ou n’a pas permis de rendre la situation inconfortable pour l’enfant. 34% et 29,8% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement que la guidance a permis partiellement et n’a pas permis de rendre la situation inconfortable pour l’enfant contre 40,3% et 6,5% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. L’inconfort de l’enfant suite à la guidance semble donc facilité lorsque les deux parents appliquent la méthode ensemble (test exact de Fisher, p=0,005).

Les graphiques C et D montrent, respectivement et selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent, le nombre et le pourcentage de parents qui, suite à la guidance, déclarent avoir observé, avoir observé partiellement et ne pas avoir observé une amélioration du comportement de leur enfant. 40,4% et 19,1% des parents appliquant la méthode seul(e)s déclarent respectivement avoir

observé et ne pas avoir observé une amélioration du comportement de leur enfant contre 64,5% et 11,3% dans le cas où les 2 parents appliquent la méthode. L’amélioration du comportement de l’enfant suite à la guidance semble donc facilitée lorsque les deux parents appliquent la méthode ensemble (test exact de Fisher, p=0,044).

 

L’impact de la guidance sur la fratrie

La guidance, a-t-elle permis de : ?

85 parents sur les 111 ayant répondu au questionnaire déclarent que l’enfant présentant un comportement tyrannique fait partie d’une fratrie.

Pour 50% de ces parents, la guidance a permis d’améliorer la protection de la fratrie lors des crises et environ 80% des parents observent une réduction du niveau de stress de la fratrie, au moins partiellement.

Globalement, pensez-vous que le fait d’avoir suivi la guidance a eu un impact sur la fratrie ?

Au-delà de l’effet sur le comportement de l’enfant, 63,5% des parents ayant répondu au questionnaire pensent que la guidance en RNV a eu un impact positif pour la fratrie. Seulement 5 parents estiment que l’impact a été négatif.

Effet de l’âge de l’enfant sur l’impact sur la fratrie

Comme le montre l’annexe 5, l’âge de l’enfant n’a pas un effet statistiquement significatif sur l’impact de la guidance sur la fratrie (test exact de Fisher, p<0,05).

Les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et par groupe d’âge de l’enfant, le nombre et le pourcentage de parents ayant observé un impact positif, un impact négatif ou pas d’impact sur la fratrie. Les différences observées ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,220).

S’agissant des 3 questions proposées aux parents visant à évaluer l’effet de la guidance sur la fratrie, l’âge de l’enfant ne semble pas avoir un effet statistiquement significatif (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des test statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 5.

Effet du nombre de parents appliquant le programme sur l’impact sur la fratrie

Comme montré dans l’annexe 5, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble avoir un effet statistiquement significatif l’impact de la guidance sur la fratrie (test exact de Fisher, p<0,05).

Les graphiques A et B ci-dessous montrent, respectivement et selon que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent, le nombre et le pourcentage de parents pour qui la guidance a eu un impact positif ou pas d’impact sur la fratrie. Les différences observées ne sont pas statistiquement significatives (test exact de Fisher, p=0,499).

S’agissant des 3 questions proposées aux parents visant à évaluer l’effet de la guidance sur la fratrie, le fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent ne semble avoir un effet statistiquement significatif (test exact de Fisher, p<0,05). L’ensemble des résultats des tests statistiques réalisés est consultable dans l’annexe 5.

Conclusion

La notion d’accommodation familiale fait référence aux changements de comportement que les membres de la famille adoptent afin d’aider l’enfant à éviter ou à atténuer la détresse associée à ses troubles (modifier les habitudes familiales, participer activement aux symptômes, faciliter les comportements d’évitement liés aux troubles…). L’accommodation est souvent volontaire mais, dans le cas de l’enfant à comportement tyrannique, elle s’installe généralement de façon coercitive, la conformité du parent répondant à la violence verbale, les menaces, les crises de colère et/ou l’agression physique. La famille entre ainsi dans un cercle vicieux : à court terme, l’accommodation familiale atténue la détresse de l’enfant mais elle favorise l’évitement à long terme et contribue au maintien et à l’exacerbation des symptômes, augmentant la détresse et la dépendance de l’enfant vis-à-vis de ses parents, ce qui raffermit progressivement l’accommodation familiale5,6. Ce cercle vicieux renforce la dynamique associée au comportement tyrannique.

Comme indiqué en préambule, la guidance parentale en RNV part du principe que le changement de la dynamique familiale viendra du côté du parent car c’est le parent qui a la motivation pour modifier la situation à la maison. Le programme est ainsi destiné spécifiquement aux parents, avec un travail qui s’inscrira dans la durée et dont les parents seront les moteurs du changement. En effet, les réponses au questionnaire témoignent d’un fort engagement de la part des parents puis qu’uniquement 2 parents sur 111 disent ne pas appliquer le programme suite à la guidance.

La mise en place des outils

S’agissant de la mise en place des outils proposés par la RNV, les parents semblent entrer sans trop de difficulté dans la non-violence. En moyenne, plus de 60% des parents disent avoir réussi à faire une déclaration de non-violence à leur enfant, à ne plus rentrer dans les escalades et à rester silencieux et se mettre à l’abri. Bien que le positionnement de la résistance semble être plus difficile, près de la moitié des parents ont réussi, suite à la guidance, à solliciter le réseau de soutien, à organiser des réactions différées, à appeler de l’aide lors des crises et à prendre soin de soi. En moyenne, 85% des parents déclarent avoir mis en place les différents outils au moins partiellement.

Il est important de noter que le positionnement de la résistance est tout aussi important que celui de la non-violence : dans la « résistance non violente », le mot « résistance » a un vrai sens. En effet, lorsque le parent commence à appliquer la méthode REACT, la démarche de changement du parent déstabilise le système et peut s’accompagner initialement d’une aggravation de la situation. Il n’est pas inusuel que, confronté au changement de dynamique, l’enfant ne se montre pas d’accord avec la décision du parent et cherche à la contourner et à lui faire revenir à l’ancien mode de fonctionnement. Cette réaction est attendue et fait partie du processus. Elle peut faire douter le parent mais c’est en montrant sa détermination à l’enfant que, sur la durée et dans l’inconfort associé à la nouvelle situation, ce dernier trouvera la motivation pour modifier son mode de fonctionnement (quand il aura compris que c’est à lui de changer car la décision du parent de faire sortir la violence du foyer est ferme).

L’impact sur les parents

D’après les réponses au questionnaire, la guidance parentale semble avoir un effet bénéfique, et ce, à plusieurs niveaux. Tout d’abord, l’objectif de psychoéducation semble très largement atteint et cette première étape est fondamentale avant que le parent puisse se projeter vers un changement.

En effet, nous observons que certains parents entrant en lien avec l’association ont des difficultés à reconnaître la violence exercée par leur enfant, et plus particulièrement lorsqu’elle n’est pas physique. Les violences verbales ou psychologiques sont ainsi fréquemment tolérées, voire mal repérées. Même lorsqu’ils perçoivent la violence, ces parents, pour la plupart très attentifs à l’état émotionnel de leur enfant, prennent sur eux et s’accommodent à ses besoins pour atténuer sa détresse en se disant que c’est « leur devoir » et/ou par peur de déclencher une nouvelle crise.

D’après les réponses au questionnaire, environ 85% des parents déclarent que la guidance leur a permis de prendre conscience des différentes formes de violence, de repérer l’hyper-accommodation et de comprendre le processus d’escalade. La guidance a permis aussi la déculpabilisation de 80% de ces parents et cela est extrêmement important car la culpabilité est un frein majeur à la mobilisation du parent. Une fois que le parent a compris qu’il n’est pas coupable de ce qu’il se passe à la maison, que l’accommodation aux besoins de son enfant n’aidera pas à le protéger mais aggravera ses difficultés de gestion émotionnelle (notion de cercle vicieux), et qu’il est essentiel pour la construction de l’enfant que ce dernier apprenne à canaliser ses émotions et son anxiété autrement que par la violence, les bases sont établies pour démarrer le changement de dynamique.

Comme indiqué en préambule, la guidance en RNV vise avant tout à renforcer la présence parentale. Globalement, 75% des parents déclarent parvenir à modifier leur posture et à briser le secret et environ 55% des parents disent avoir réduit leur niveau d’hyper-accommodation et avoir réussi à prendre des décisions au sujet de leur enfant. Plus de 90% des parents estiment en avoir réussi sur l’ensemble de ces points, au moins partiellement. Ces données montrent que, bien que le parent ne puisse pas contrôler son enfant, il peut contrôler son propre comportement de manière à aider l’enfant à aller mieux.

L’impact sur l’enfant

Réussir à restaurer sa place de parent est un prérequis indispensable pour qu’un changement chez l’enfant puisse s’opérer. En effet, tant que le parent aidera sont enfant à décharger ses émotions, ce dernier ne trouvera pas la motivation pour changer (si l’enfant peut utiliser les membres de sa famille pour évacuer ses émotions et ses angoisses, pourquoi s’embêterait-il à rechercher une solution alternative ?). D’autre part, les enfants à comportement tyrannique sont typiquement hypersensibles à l’état émotionnel de leur entourage et, à ce titre, un parent bien ancré sera mieux armé pour stabiliser son enfant face à ses débordements émotionnels et contre les aléas de son anxiété.

En accord avec ces idées, et bien que l’objectif de la guidance ne soit pas en premier lieu la modification du comportement de l’enfant, plus de 50% des parents ayant répondu au questionnaire témoignent d’une amélioration de son comportement et d’une diminution de sa violence et d’escalades conflictuelles. Environ 80% des parents observent une amélioration de la gestion des émotions et du degré d’autonomie de leur enfant, au moins partiellement.

Très régulièrement, les parents membres de l’association font part de leurs difficultés à obtenir l’adhésion de leur enfant sur la question des soins. En effet, ces enfants refusent quasi systématiquement les séances, négocient leur présence contre des avantages à octroyer, cherchent à garder la maîtrise et ne font pas part de leurs difficultés. Toutefois, pour 50% des parents, la guidance a pu contribuer à induire chez l’enfant, au moins partiellement, une motivation pour les soins.

L’impact sur la fratrie

La fratrie est largement impactée par le comportement dysfonctionnel de l’enfant à comportement tyrannique. Elle doit également s’adapter à la situation et, fréquemment, elle est aussi entraînée dans la dynamique d’hyper-accommodation qui s’installe progressivement au sein du foyer. De nombreux parents membres de notre association ayant suivi la guidance de RNV s’accordent à dire que le renforcement de la présence parentale, ou l’intervention du réseau de soutien, sont des éléments rassurants pour la fratrie.

En accord avec ces témoignages, 65% des parents ayant répondu au sondage déclarent que la guidance a eu un impact positif sur la fratrie, 50% estiment que la guidance a permis d’améliorer la protection de la fratrie lors des crises et environ 80% des parents observent une réduction du niveau de stress de la fratrie, au moins partiellement.

Suite à la guidance, quel avenir pour ces familles ?

La RNV propose une approche thérapeutique « trans-diagnostique » permettant aux parents de transmettre une présence, un contrôle de soi, un réseau de soutien et une notion de structure dans la vie familiale5. Comme évoqué dans le premier article de cette série, le comportement tyrannique correspond à une dynamique familiale particulière qui démarre tôt (le plus souvent depuis la petite enfance) et qui s’installe progressivement au sein du foyer1,2. Si le comportement tyrannique s’installe peu à peu, pour la plupart au fil des années, il est donc logique que défaire ce processus prenne aussi un certain temps. Le changement s’opère graduellement et peut prendre un moment à s’installer mais, pour qu’il puisse avoir lieu, il est essentiel de ne plus rentrer dans les escalades, d’appliquer des réactions à froid et de se tenir sur ce qui a été annoncé lors de la déclaration de non-violence en expliquant que c’est notre devoir de parent. Le réseau de soutien jouera un rôle central dans le processus afin de faire comprendre à l’enfant que le parent n’est plus seul(e), légitimant ainsi sa démarche.

Les premières études sur la RNV se sont concentrées sur les parents d’enfants atteints de TDA/H, de TOP et de trouble des conduites. Ces études ont montré que les traitements basés sur la RVN ont permis de réduire les symptômes de l’enfant, les escalades parent-enfant, l’impuissance parentale, les punitions et les luttes de pouvoir7,8. Des améliorations ont également été constatées dans la fréquence des gestes parentaux positifs4 et dans la régulation émotionnelle des parents9. Les traitements inspirés de la RNV se sont également révélés efficaces pour d’autres problématiques, notamment les TOC et les troubles anxieux10,11, le TDAH12, l’utilisation problématique des écrans13, la conduite dangereuse chez des adolescents14, les problèmes de comportement dans les écoles et les centres d’hébergement15-18, les troubles du spectre autistique chez les jeunes adultes19 et chez les jeunes adultes très dépendants20. Dans toutes ces applications, l’intervention a été conçue pour résister efficacement face aux comportements problématiques, prévenir les escalades et améliorer la relation parent-enfant2,5.

En accord avec ces publications, 91,9% des parents ayant répondu au questionnaire considèrent que, globalement, la guidance a eu un impact positif sur leur positionnement en tant que parent vis-à-vis du comportement violent de leur enfant. Il est intéressant de constater que cet impact positif global est indépendant de l’âge de l’enfant ou du fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent.

Plus généralement, hormis pour la gestion des écrans, l’impact de la guidance sur le parent, sur l’enfant ou sur la fratrie ne sont pas significativement affectés par l’âge de l’enfant. En effet, malgré les différences évidentes entre un enfant, un adolescent ou un jeune adulte, le mode de fonctionnement inhérent au comportement tyrannique reste le même au sein des différents groupes d’âge et, en accord avec cela, la RNV a fait ses preuves indépendamment de l’âge de l’enfant5.

S’agissant du fait que le parent applique la méthode seul(e) ou avec l’autre parent, sur les 37 questions proposées dans le sondage, uniquement 4 (gestion des écrans, modifier votre posture devant la violence de votre enfant, rendre sa situation inconfortable et améliorer son comportement) semblent être favorisées par l’action conjointe des deux parents et, même dans les cas des parents appliquant seul(e)s la méthode, les résultats restent très encourageants.

En somme, en accord avec les publications scientifiques, les résultats de notre sondage suggèrent que, dans le cas du comportement tyrannique, la RNV contribue à renforcer les parents, à réduire l’accommodation familiale et à stabiliser l’enfant en favorisant l’ancrage des parents. Cela permet de stopper la dérive engendrée par les émotions négatives de l’enfant et d’apaiser l’impuissance, l’inquiétude et l’impulsivité des parents. Le cercle vicieux évoqué précédemment peut ainsi être bloqué contribuant à stabiliser la relation parent-enfant.

Malgré ces résultats encourageants, la RNV ne peut constituer une pratique isolée et doit être conçue comme un outil au sein d’une boîte dont la complémentarité entre les différents outils (diagnostic, médication, soutien institutionnel…) permettra d’apaiser la situation. Bien que le diagnostic et le suivi de l’enfant semblent en place pour environ 70% des parents ayant répondu au questionnaire, l’accompagnement psychosocial reste encore trop peu présent. En effet, de nombreux parents ont peur de ne pas être compris par les institutions et des conséquences que ce manque de compréhension peut entraîner. Compte tenu de la complexité des besoins, du niveau d’urgence dans certains cas et de l’importance du réseau de soutien pour l’évolution positive des situations, une plus forte implication des acteurs sociaux reste à développer.

Les réponses au sondage suggèrent que l’obtention d’un diagnostic semble être plus facile pour les parents des enfants plus jeunes (tranche d’âge entre 6 et 11 ans), probablement en lien avec la difficulté accrue à mobiliser un enfant en refus des soins lorsqu’il est plus âgé. A l’inverse, et de manière prévisible, l’éloignement de l’enfant semble être plus facile à mesure que l’enfant grandit. En outre, la mise en place du suivi de l’enfant semble être facilitée lorsque les deux parents appliquent la méthode. Des analyses plus approfondies sur ces aspects sont en cours et feront l’objet d’un prochain article de cette série où nous aborderons l’effet de ces stratégies complémentaires à la RNV sur la mise en place de différents outils ainsi que leur impact sur les parents, l’enfant et la fratrie.

Enfin, les données disponibles jusqu’ici vont dans le sens d’un impact positif de la guidance parentale en Résistance Non Violente au sujet des difficultés associées au comportement tyrannique. Toutefois des études supplémentaires avec un plus grand nombre d’effectifs et avec plusieurs années de recul suite à la guidance sont nécessaires pour mieux évaluer l’impact de la RNV et pour produire des données fiables quant au devenir de ces enfants et de leurs familles.

L’association R.E.A.C.T. est engagée dans une démarche collaborative avec les professionnels (sanitaire, social, éducatif, juridique…) afin de faire connaitre et reconnaitre notre problématique atypique. Nous remercions les professionnels qui nous soutiennent ainsi que nos familles membres qui ont accepté de remplir des questionnaires servant à l’élaboration de cette série d’articles.

Références
1 –https://www.association-react.com/2022/10/29/caracterisation-des-enfants-ados-au-comportement-tyrannique/

2 – Accompagner les parents d’enfants tyranniques – Programme en 13 séances. De Haïm Omer, Nathalie Franc (2017) ISBN : 978-2-10-076758-8

3 – Omer, H. (2004). Non-violent resistance: A new approach to violent and self-destructive children (pp. 47-73). Cambridge University Press, Cambridge, UK.

4 – Weinblatt, U., & Omer, H. (2008). Non-violent resistance: A treatment for parents of children with acute behavior parents. Journal of Marital and Family Therapy, 34, 75 – 92

5 – Shimshoni, Y., Omer, H. & Lebowitz, E.R. Non-violent resistance and family accommodation: A trans-diagnostic solution to a highly prevalent problem. Fam Process. 2022 Mar;61(1):43-57.

6 – Shimshoni, Y., Shrinivasa, B., Cherian, A. V., & Lebowitz, E. R. (2019). Family accommodation in psychopathology: A synthesized review. Indian Journal of Psychiatry, 61(Suppl  1),  S93–S103.

7 – Goddard, N., Van Gink, K., Van der Stegen, B., Van Driel, J., & Cohen, A. P. (2009). « Hit the iron when it is cold »: Non-violent resistance in an acute psychiatric ward for adolescents. Maandblad Geestelijke Volksgezondheid, 64, 531– 539.

8 – Lavi-Levavi, I., Shachar, I., & Omer, H. (2013). Training in nonviolent resistance for parents of violent children: Differences between fathers and mothers. Journal of Systemic Therapies, 32(4), 79–93.

9 – Gershy, N., Meehan, K. B., Omer, H., Papouchis, N., & Schorr Sapir, I. (2017). Randomized clinical trial of mindfulness skills augmentation in parent training. Child & Youth Care Forum, 46(6), 783 –803.

10 – Lebowitz, E. R. (2013). Parent-based treatment for childhood and adolescent OCD. Journal of Obsessive-Compulsive and Related Disorders, 2(4), 425 –431.

11 – Lebowitz, E. R., Omer, H., Hermes, H., & Scahill, L. (2014). Parent training for childhood anxiety disorders: The SPACE program. Cognitive and Behavioral Practice, 21(4), 456 –469.

12 – Schorr-Sapir, I., Gershy, N., Apter, A., & Omer, H. (2021). Parent-training in nonviolent resistance for children with attention deficit hyperactivity disorder: A controlled outcome study. European Child and Adolescent Psychiatry, 1– 10.

13 – Sela, Y. (2020). Examining the Efficacy of “Technological Parental Monitoring” versus “Parental Vigilant Care” for Reducing Problematic Internet Usage among Adolescents (PhD dissertation). Tel-Aviv University, Tel-Aviv.

14 – Shimshoni, Y., Farah, H., Lotan, T., Grimberg, E., Dritter, O., Musicant, O., Toledo, T., & Omer, H. (2015). Effects of parental vigilant care and feedback on novice driver risk. Journal of Adolescence, 38, 69–80.

15 – Lemme, M., Tillner, R., & Eberding, A. (2009). New authority in schools. Familiendynamik, 34, 276 – 283.

16 – Omer, H., Irbauch, R., Berger, H., & Katz-Tissona, R. (2006). Non-violent resistance and school violence. Paper pre-sented at the Mifgash Leavodah Hinukhit Sotzialit, Israel

17 – Steinkellner, H., & Ofner, S. (2011). The seven pillars of the new authority. In U. E. Gamauf-Eberhardt & C. Reumann ( E d s.), Meine Schule gegen Gewalt. Friedensinstitut Burg Schlaining.

18 – van Gink, K., Visser, K., Popma, A., Vermeiren, R., van Domburgh, L., van der Stegen, B., & Jansen, L. M. C. (2018). Implementing non-violent resistance, a method to cope with aggression in child and adolescent residential care: Exploration of staff members experiences. Archives of Psychiatric Nursing, 32(3), 353 –359.

19 – Golan, O., Shilo, H., & Omer, H. (2018). Non-violent resistance parent training for the parents of young adults with high functioning autism spectrum disorder. Journal of Family Therapy, 40(1), 4–24.

20 – Lebowitz, E., Dolberger, D., Nortov, E., & Omer, H. (2012). Parent training in non-violent resistance for adult entitled dependence. Fam Process, 51(1), 90 – 106.

Annexes

Les tableaux suivants montrent la probabilité que les réponses données aux différentes questions (colonne de gauche) soient le fruit du hasard, ou d’une autre variable non prise en compte dans l’analyse, et non explicables par l’âge de l’enfant (colonne du milieu) ou par le nombre de parents appliquant la méthode (colonne de droite).

Le seuil de probabilité fixé pour attribuer comme cause à une question donnée l’âge de l’enfant ou le nombre de parents appliquant la méthode est de 5% (p<0,05). Cela signifie que lorsque l’on affecte ladite causalité, nous assumons au maximum 5% de chances d’avoir tort. Ainsi par exemple, une probabilité de 0,02 suggère que la variable explicative (l’âge de l’enfant ou le nombre de parents appliquant la méthode) aurait un impact statistiquement significatif sur la variable à expliquer (question posée), tout en assumant 2% d’erreur en formulant cette hypothèse. Lorsque la probabilité calculée est inférieure à 0,05, les résultats sont montrés en gras et la probabilité obtenue marquée en rouge et avec un astérisque.

Le test exact de Fisher a été utilisé pour le calcul des probabilités. Des résultats similaires ont été obtenus dans l’ensemble des analyses en utilisant un test du khi-deux (χ2) ou une régression multinomiale (données non montrées).

Annexe 1. Mise en place des outils de la RNV

Avec le seuil fixé de 0,05, seule la gestion des écrans serait expliquée par l’âge de l’enfant et par le nombre de parents appliquant la méthode (test exact de Fisher, p<0,05). Bien qu’au-dessous du seuil de 0,05, nous ne pouvons pas exclure que solliciter le réseau de soutien et ou des ordres puissent être également expliquées par le nombre de parents appliquant la méthode.

Annexe 2. Mise en place des stratégies complémentaires pour l’enfant

Avec le seuil fixé de 0,05, la mise en place d’un diagnostic et d’un éloignement serait expliquée par l’âge de l’enfant (test exact de Fisher, p<0,05). Bien qu’au-dessous du seuil de 0,05, nous ne pouvons pas exclure que l’âge de l’enfant puisse expliquer la mise en place d’une médication ou la saisine de la justice. D’autre part, seul le suivi de l’enfant serait expliqué par le nombre de parents appliquant la méthode (test exact de Fisher, p<0,05), même si, sauf pour le diagnostic, les autres stratégies (médication, éloignement, accompagnement éducatif ou saisine de la justice) pourraient être impactées pas le nombre de parents appliquant la méthode.

Annexe 3. Impact de la guidance sur le parent

Avec le seuil fixé de 0,05, seule la modification de la posture parentale devant la violence de l’enfant serait expliquée par le nombre de parents appliquant la méthode, alors que l’âge de l’enfant n’aurait un effet statistiquement significatif sur aucune des 14 questions posées (test exact de Fisher, p<0,05). Bien qu’au-dessous du seuil de 0,05, nous ne pouvons pas exclure que trouver du soutien et reprendre sa place de parent puissent être également expliquées par le nombre de parents appliquant la méthode et que l’âge de l’enfant puisse expliquer la compréhension du processus d’escalade.

Annexe 4. Impact de la guidance sur l’enfant

Avec le seuil fixé de 0,05, un effet de la méthode sur l’inconfort généré chez l’enfant et sur l’amélioration de son comportement seraient expliqués par le nombre de parents appliquant la méthode, alors que l’âge de l’enfant n’aurait un effet statistiquement significatif sur aucune des 7 questions posées (test exact de Fisher, p<0,05). Bien qu’au-dessous du seuil de 0,05, nous ne pouvons pas exclure que la diminution de la violence de l’enfant et des escalades conflictuelles puissent être également expliquées par le nombre de parents appliquant la méthode.

Annexe 5. Impact de la guidance sur la fratrie

Avec le seuil fixé de 0,05, ni l’âge de l’enfant ni le nombre de parents appliquant la méthode ne pourraient expliquer les réponses données aux 4 questions proposées (test exact de Fisher, p<0,05).

plusseuls

Vous ne pouvez pas copier le contenu et les images