Les Troubles anxieux

Les troubles anxieux

 

L’anxiété est un phénomène physiologique naturel : en réponse à un danger ou à un stress, le fonctionnement de notre organisme se modifie, avec le plus souvent une accélération du rythme cardiaque, des troubles du sommeil, une augmentation de la transpiration et, parfois, des difficultés à respirer ou une mise en retrait. En temps normal, ces modifications disparaissent rapidement.

Les enfants peuvent également ressentir parfois de l’anxiété. Par exemple, les enfants âgés de 3 à 4 ans ont souvent peur du noir ou des monstres. Les enfants plus âgés et les adolescents deviennent souvent anxieux lorsqu’ils font un exposé face à leurs camarades de classe. Ces craintes et ces anxiétés ne constituent pas des signes d’un trouble. Cependant, quand l’évolution normal de l’enfant est compromise ou quand l’anxiété entraîne une grande souffrance, on peut parler de trouble anxieux.

Les troubles anxieux, qui font référence à des sentiments de peurs intenses et persistantes, provoquent une détresse sans source de danger réel, ne peuvent être maitrisées ou calmées et entraînent progressivement des comportements d’évitement du danger potentiel : refus de se rendre dans certains lieux, d’effectuer certaines actions, de rencontrer les autres… Les enfants refusent le plus souvent d’aller à l’école, en invoquant fréquemment des symptômes physiques, tels que les maux de ventre ou les céphalées.

Ces troubles, dont la fréquence est élevée dans la population générale (21% des adultes et deux fois plus élevée chez la femme que chez l’homme), débutent souvent dans l’enfance ou pendant l’adolescence. Des études montrent qu’environ 3 % des enfants de 6 ans, 5 % des adolescents de sexe masculin et 10 % des adolescentes ont des troubles anxieux. Plus les manifestations débutent tôt, plus la maladie risque d’être sévère par la suite. Les enfants souffrant d’un trouble anxieux présentent un risque accru de dépression, de comportement suicidaire, d’alcoolisme, de troubles liés à l’usage de substances et de difficultés scolaires plus tard au cours de la vie.

La pandémie de COVID-19 a entraîné des perturbations soudaines et importantes qui ont augmenté l’anxiété chez la grande majorité des enfants. Ces perturbations comprennent la fermeture des écoles, l’isolement des autres (famille élargie, camarades, enseignants, groupes culturels et communautés religieuses), la nécessité de vivre dans des espaces restreints avec des membres de la famille pendant des semaines ou des mois, la perte d’emploi des parents et l’incertitude quant à l’avenir. Malgré leur sévérité potentielle, ces troubles sont souvent négligés chez les plus jeunes en raison de leur méconnaissance de la part de l’entourage et d’une réticence au diagnostic par peur « de figer les choses », « d’étiqueter » les enfants concernés, mais aussi de les traiter à l’aide de médicaments alors que leur cerveau est en développement.

Pourtant, cette pathologie représente souvent un handicap sévère pour les enfants et les adolescents qui en souffrent : elle entraîne un appauvrissement relationnel et une restriction du champ des activités, qui altèrent l’accession à l’autonomie et à l’indépendance.

La prise en charge des troubles anxieux :

Bien que chaque trouble anxieux ait des caractéristiques spécifiques, la plupart des patients répond bien à deux types de traitements : la psychothérapie et les médicaments. Ces traitements peuvent être administrés seuls ou en association.

La Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC) permet au patient d’apprendre à gérer son anxiété en modifiant ses pensées, ses peurs et ses croyances grâce à des expositions progressives aux situations qu’il juge angoissantes, et ce dans un contexte sécurisé. Il s’agit en quelque sorte d’une « désensibilisation ». Certains thérapeutes utilisent la réalité virtuelle à cet effet. L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), une technique plus confidentielle de remédiation cognitive fondée sur les mouvements oculaires, présente également une certaine efficacité.

Les médicaments les plus couramment utilisés sont les anxiolytiques dont l’efficacité est ressentie au bout de quelques jours seulement. Toutefois, ils présentent des effets indésirables sévères, avec notamment un risque de dépendance. Ils sont donc prescrits sur des durées courtes. Des antidépresseurs de la famille des inhibiteurs de recapture de la sérotonine sont habituellement choisis en traitement de fond et présentent une bonne efficacité. Des bêta-bloquants, utilisés en cas de maladies cardiaques, peuvent aussi être prescrits pour améliorer le contrôle de symptômes physiques d’anxiété : ils réduisent les épisodes de tachycardie, de tremblement et de sueurs.

Les 6 types de troubles anxieux sont décrits ci-après :

Le trouble anxieux généralisé – TAG

Le trouble anxieux généralisé se caractérise par un sentiment persistant d’insécurité, une inquiétude permanente et excessive, à propos de beaucoup d’activités ou d’événements, qui interfère avec les activités quotidiennes. Les enfants présentant un TAG ont souvent des difficultés à être attentifs et peuvent être hyperactifs, agités et irritables. Ils peuvent se sentir surexcités, tendus ou nerveux. Ils peuvent également mal dormir, transpirer de manière excessive, se sentir épuisés et se plaindre de symptômes physiques, comme des maux de ventre, des douleurs musculaires et des céphalées.
Le trouble anxieux généralisé est diagnostiqué lorsque les symptômes durent 6 mois ou plus.

 

La prise en charge du TAG :

Si l’anxiété est légère, la relaxation est souvent le traitement le plus adapté. D’autres types d’accompagnement peuvent également être testés.
Si l’anxiété est sévère ou si l’accompagnement n’est pas efficace, les médicaments qui réduisent l’anxiété, habituellement les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), ou parfois les anxiolytiques, peuvent s’avérer nécessaires.

 

Les trouble panique

Une crise de panique est un épisode bref (d’environ 20 minutes) de peur intense qui est habituellement accompagné de symptômes physiques comme une respiration rapide, un rythme cardiaque accéléré, des sueurs, une douleur thoracique et des nausées. Le trouble panique se caractérise par des crises de panique qui surviennent au moins une fois par semaine.

Le trouble panique est beaucoup plus courant chez les adolescents que chez les jeunes enfants.

Les crises de panique peuvent survenir dans n’importe quel trouble anxieux en réponse à l’objet de ce trouble. Par exemple, les enfants souffrant d’angoisse de la séparation peuvent présenter une crise de panique lorsqu’un parent s’en va. Toutefois, les crises de panique surviennent habituellement d’elles-mêmes, sans facteur déclenchant spécifique. Les enfants peuvent s’inquiéter d’avoir d’autres crises et, au fil du temps, ils commencent à éviter des situations qu’ils associent avec les crises. Cet évitement peut entraîner l’agoraphobie (voir ci-après) : les enfants sont réticents à aller à l’école, se rendre au centre commercial, ou pratiquer d’autres activités ordinaires.

La prise en charge du trouble panique : 

Une association de médicaments et de thérapie comportementale et cognitive est normalement efficace pour traiter le trouble panique. Chez certains enfants, les médicaments (tels les antidépresseurs appelés inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont fréquemment nécessaires pour contrôler les crises de panique avant que la thérapie comportementale ne puisse commencer.

L’agoraphobie

L’agoraphobie est la peur irraisonnée et intense des espaces publics sans moyen de partir et personne pour aider. Elle se manifeste dans des espaces ouverts ou au sein d’une foule (transports en commun, lieux clos, file d’attente…). Les personnes atteintes évitent activement ces situations. Lorsque c’est impossible, elles ont besoin d’une personne qui les accompagne et/ou endurent une anxiété intense, disproportionnée par rapport à la situation réelle.

L’agoraphobie peut se développer chez les adolescents, particulièrement ceux qui font des crises de panique, mais est inhabituelle chez les enfants.

Pour diagnostiquer le trouble, les symptômes doivent exister depuis au moins 6 mois.

La prise en charge de l’agoraphobie : 

La thérapie comportementale et cognitive est particulièrement utile pour le traitement des symptômes d’agoraphobie. Les médicaments sont rarement efficaces chez les adolescents atteints d’agoraphobie, sauf pour contrôler les crises de panique.

Les phobies spécifiques

Les phobies spécifiques correspondent à des peurs irraisonnées, excessives et persistantes face à des situations ou des objets précis (une paire de ciseaux, des araignées, l’obscurité, le fait d’être dans un ascenseur…). Ces peurs provoquent une grande détresse qui entraîne des conduites d’évitement.

Le trouble d’anxiété sociale

Le trouble d’anxiété sociale est lié à la peur persistante d’être embarrassé(e), ridiculisé(e) ou humilié(e) dans des situations sociales. Elle se manifeste par la peur extrême de parler ou manger en public, de rencontrer des nouvelles personnes, d’aller à l’école ou aux événements sociaux. L’enfant a des accès de colère, pleure, se fige ou s’efface et refuse de parler dans des situations sociales. L’adolescent s’inquiète démesurément avant un événement social.

Pour diagnostiquer le trouble, les symptômes doivent exister depuis au moins 6 mois.

La prise en charge du trouble d’anxiété sociale : 

On utilise le plus souvent la thérapie comportementale et cognitive. Elle consiste notamment à ne pas permettre à l’enfant de manquer l’école car l’absence aggrave les réticences à se rendre à l’école.

Si la thérapie comportementale est inefficace ou les enfants refusent d’y participer, un médicament (comme un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine) peut suffisamment réduire l’anxiété pour permettre à l’enfant de participer à une thérapie comportementale.

Le trouble d’anxiété de séparation

Le trouble d’anxiété de séparation est une anxiété persistante et intense lorsque l’enfant se trouve loin de son foyer ou en cas de séparation des personnes chères, classiquement la mère. Le jeune craigne constamment de perdre les personnes auxquelles il est attaché, est réticent à s’en éloigner, refuse de sortir ou de dormir loin du foyer, fait des cauchemars à ce sujet… Des scènes dramatiques se produisent souvent au cours des au revoir. L’enfant refuse ainsi d’aller à l’école, faire du camping, rendre visite à un ami ou dormir chez cet ami. Les difficultés au coucher sont fréquentes. L’enfant qui a une angoisse de séparation peut insister pour qu’un parent ou la personne qui s’occupe de lui reste dans la pièce tant qu’il ne s’endort pas.

Il existe des outils d’évaluation spécifiquement destinés aux enfants et aux adolescents, comme le questionnaire SCARED en 5 questions.

La prise en charge du trouble d’anxiété de séparation : 

La thérapie comportementale et cognitive est indiquée dans le cadre du traitement du trouble d’anxiété de séparation. Elle consiste à aider les parents à raccourcir au maximum les scènes d’au revoir et à réagir aux protestations naturellement. Une psychothérapie individuelle et familiale est également utile.

Permettre aux enfants de retourner à l’école constitue un objectif majeur. L’intervention de tierces personnes (médecins, personnel scolaire) aux côtés des parents peut aider.

Afin d’éviter des rechutes après les vacances et les congés scolaires, il est conseillé de prévoir des séparations régulières pendant ces périodes pour aider les enfants à demeurer habitués à l’éloignement.

Lorsque le trouble est sévère, il peut être utile de prendre des médicaments pouvant réduire l’anxiété, tels qu’un type d’antidépresseur appelé inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS).

 Références : 

1 – AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition (DSM-V). Arlington, VA: American Psychiatric Association, 2013.

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